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4.11.04

Comprendre une ville 

C’est étrange comment le processus d’adaptation fonctionne, comment on finit par comprendre une ville, s’y sentir bien, l’apprécier et peut-être un jour l’aimer réellement.

Découvrir Iligan me fait penser aux sentiments qu’on doit ressentir lorsqu’on crinque une boîte à surprise : anxieuse, toujours aux aguets, prête à tout dans l’attente que le clown sorte de la foutue boîte. Savant mélange de craintes, de plaisir d’avoir peur et de curiosité.

Au début, pas question de réfléchir, il faut simplement se fier à ses sens. Le trafic: plein d’autos, de jeepneys, de motos, qui obéissent à des règles qui me sont totalement inconnues. Du monde : partout, tout le temps, qui t’interpellent « Hey Joe! », te scrutent (de la tête au pied et retour à la tête), te touchent (voulu ou pas, peu importe, c’est toujours très étrange se faire toucher par un étranger, je trouve!), t’interrogent (d’où tu viens, ou tu vas, pourquoi….avant de savoir que ces questions ne sont que des formules de politesse auxquels de réelles réponses ne sont pas attendues, ça nous a pris un bail!). Des sons : des gens qui crient ou parlent (dans une langue qui ressemble drôlement à du chinois selon moi!), des klaxons, des chiens qui jappent, des coqs qui coqoricottes, des cochons qui « cochonnent » (La question du jour : quel son fait le cochon?!), la radio à tue-tête, des enfants qui jouent, des karaokes ou les futurs stars académiciens des Philippines hurlent leurs états d’âmes (y paraît que c’est grâce à ces boîtes à chansons que le taux de suicide est bas aux Philippines,…théorie d’un de nos fellow volontaires!). Des odeurs de : sueur (à 30 degrés à l’ombre fallait s’y attendre), de poulets qui grillent à tous les coins de rues, de brochettes sur le barbecue (ne me demandez pas de quoi : c’est jaune, étroit et tout en colimaçon! Non je n’ai pas goûté et je n’y compte pas pour l’instant et non je ne crois pas que ce soient des légumes maman), de poissons frais chauffés par le soleil, de viandes qui faisandent, de pisse (ils pissent partout : sur les roues des voitures, au coin des maisons…après tout pourquoi se priver? Ils ne se la gèlent pas et oubliez ça les toilettes publiques ici!), de savon (ils sont très proprets, toujours bien mis et bien propre, un vrai mystère dans cette ville de poussière et de bouette!). Une ville grouillante de vies (humaine et animale surtout, pas beaucoup de végétal au premier coup d’œil à tout le moins.) quoi!

Aussi étonnant que ça puisse paraître, après quelques temps on s’y fait à tout ça. On commence par identifier certains endroits clés (le bon resto pas cher, climatisé et pas bondé, le café internet avec connexion haute vitesse, la vendeuse de légumes - toujours la même question de s’apprivoiser mutuellement- et le Gaisano, soit le seul magasin « comme chez-nous » et bien sûr le bar- à la fin même plus besoin de la commander notre San Miguel, elle apparaît comme par magie), ensuite on détermine la route à suivre pour se rendre du points A au points B (quel jeepney prendre, ou débarquer est-ce qu’on marche jusque là,…).

Après quelque temps de ce manège, on dirait que la connexion entre nos yeux et notre cerveau se fait de nouveau. Comme si la ligne n’était plus surchauffée par toutes les informations fournies par nos autres sens… Et tout d’un coup on voit : le ciné au deuxième étage d’une bâtisse qui n’a l’air de rien, un petit magasin de cossins faits main, le petit café de coin de rue d’où on peut tout observer, le sari-sari (dépanneur). C’est comme si on découvrait la ville de nouveau.

Voilà ou j’en suis, mais j’imagine qu’après la vue, l’ouie me reviendra de même que la parole!!! En fait, je ne m’inquiète pas trop et je pense bien qu’un jour je serai aussi à l’aise ici que dans n’importe quelle ville du Québec,…c’est mon sixième sens qui me le dit!


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